dimanche 10 décembre 2017

Parlons le Bijoutier-Joaillier



Aujourd’hui, un article un peu spécial car nous allons nous pencher du côté de la bijouterie-joaillerie et plus précisément de certains termes techniques.

Pourquoi ? Parce que j’en ai envie et que j’aime faire découvrir un univers assez peu connu, je parle bien entendu de l’atelier de l’artisan et non pas de la boutique. Je ne serai sans doute pas aussi exhaustif dans cet article qu’un professeur de cette branche d’activité, mon but est principalement l’exploration d’une partie de la profession, en l’occurrence les étapes les plus communes lors de la fabrication d’un bijou.

En gras seront marqués les gestes techniques tandis que les outils seront soulignés.

Tout d’abord il faut différencier le bijoutier du joaillier. Le premier travaille uniquement des pièces n’ayant pas pour but de recevoir des pierres, tandis que le second sera amené à créer des bijoux présentant des sertissures voire intervenir sur des produits comportant une ou plusieurs pierres.

Comme vous vous en doutez, un artisan dans ce domaine a besoin de nombreux outils, ne serait-ce que pour couper le métal. Afin d’effectuer cette première tâche, il utilise un bocfil ou porte-scie, il s’agit d’un outil ayant la forme d’un cadre dont la taille est réglable et sur lequel on fixe des lames de scie de différentes grosseurs afin d’obtenir un travail plus ou moins précis.

Deux techniques relatives au bocfil, sont le détourage qui consiste à retirer du métal autour d’un motif marqué dedans, par exemple : découper un carré. Et le repercé, procédé au cours duquel l’artisan va découper une forme à l’intérieur d’un tracé, exemple : découper un carré dans un carré.
Pour procéder au repercé, l’artisan doit faire un trou à l’intérieur de sa pièce pour y faire passer sa lame de scie, cela se fait au moyen d’une pièce à main, il s’agit d’un outil que l’on relie à un moteur et auquel on fixe différentes tête, allant du foret à la brosse, en passant par la fraise.

Ensuite, pour affiner le travail de découpe, il est nécessaire de limer les contours de la pièce et l’intérieur du/des motif(s) s’il y en a. Et comme l’indique le nom de l’opération, il est nécessaire d’utiliser des limes. Il en existe de différentes tailles, différents grains et différentes formes, les lister toutes serait malheureusement trop long pour cet article et je risquerai de vous perdre.
Bien sûr, jusque-là j’ai émis l’hypothèse que la plaque de métal était plate. Comme vous vous en doutez ce n’est toujours pas le cas et parfois il est nécessaire d’aplatir la matière pour la travailler avant de la déformer à nouveau.

Pour la première action, il sera nécessaire d’employer un maillet et un tas. Le tas est un pavé d’acier servant d’appui pour aplanir des pièces ou pour les refroidir par application après certaines opérations sur lesquelles nous reviendrons plus tard. Durant l’opération, il faudra recuire régulièrement le métal, c’est-à-dire le chauffer jusqu’à ce qu’il commence à rougir de façon à le rendre plus facilement déformable, pour accentuer cet effet il est possible de le tremper dans de l’alcool, sinon l’artisan l’applique sur le tas comme dit précédemment. Enfin, pour vérifier si le morceau est suffisamment plat l’artisan l’appui sur son tas et porte ce dernier à hauteur d’yeux.

Très souvent, cette technique suit une opération de laminage qui consiste à réduire l’épaisseur d’un morceau de métal au moyen d’un laminoir au cours du processus, la matière subit une élongation et il est nécessaire de se séparer du surplus.

Dans les processus d’étirement de métal on trouve aussi le tréfilage qui consiste à tirer des fils à travers une filière, un plaque ornée de plusieurs trous de diamètres de plus un plus fins, à travers laquelle on va faire passer un fil dont on veut réduire le diamètre. Pour ce faire l’artisan peut tirer le fil avec une pince ou employer un banc-à-étirer qui consiste en une pince attachée à une chaîne que l’on fait circuler à l’aide d’une manivelle. À l’une des extrémités du banc de trouve une encoche dans laquelle on cale la filière pour la bloquer. Cette opération peut également servir à former des tubes de matière. Enfin, pour faciliter le passage du fil ou du tube en question, on peut se servir de cire que l’on frotte sur la pièce à travailler. Encore une fois, la matière subit une élongation et il est utile de couper le surplus pour faciliter le tréfilage.

Maintenant que nous avons du fil et une forme découpée, pourquoi ne pas les assembler ?
Le mieux reste de fabriquer des anneaux pour former une chaîne afin de pouvoir porter le tout. Pour ce faire, il va falloir faire tourner le fil autour d’un axe droit et rigide (souvent un mandrin ou un foret) et former une canetille qui consiste en un fil enroulé sur lui-même en serrant fort (au final, et grossièrement dit, cela ressemble à une espèce de ressort mais sans les espaces entre les boucles).
On en vient ensuite à la délicate étape de la soudure.On commence par fermer un maillon en rabattant ses extrémités l’une contre l’autre en les ajustant afin qu’elles soient parfaitement collées ensembles.
On applique après un paillon, en d’autres termes une paillette du métal employé dans la pièce avec un point de fusion inférieur à celui de l’objet à souder, au niveau de la zone à souder et on enduit le tout de collobore, un produit servant à protéger le métal de l’oxydation lors de la soudure.
Il faut être extrêmement précis avec l’intensité de la flamme et l’orientation du bec du chalumeau lors de l’opération, une mauvaise manœuvre et c’est toute la pièce qui fond. De plus souder des chaînes  requiert bien souvent que celle-ci soit maintenue en l’air par des brucelles croisées qui sont des pinces montées de telles façon qu’au repos les dents soient collées les unes aux autres.
Une autre précision, tout ce qui touche au recuit ou à la soudure se fait sur une pierre réfractaire nommée scamolex pour absorber la chaleur et protéger l’établi de l’artisan.

Maintenant que nous avons terminé l’assemblage de la pièce, nous allons passer aux dernières étapes de la réalisation. En utilisant un cabron, une latte de bois de recouverte de papier émeri (un papier de verre au grain assez fin) pour retirer les rayures présentes dans le métal. Au fur et à mesure de l’opération on va augmenter la finesse du grain de façon à avoir la surface la plus lisse possible.


Nous voilà dans la dernière ligne droite, le polissage. Grâce à différentes brosses et pâtes, on lisse le bijou dans un tout à polir afin de rendre sa surface lisse comme un miroir. En général, si l’émerisage de l’étape précédente a mal été effectué, cela se verra immédiatement.

Cet article a été plus long que les autres jusqu’à présent, j’espère que vous aurez malgré tout réussis à le lire jusqu’au bout. Sur ce, je vous laisse et je vais aller ranger mon établi dans ma Cave.